On ne présente plus Eric Antoine, qui se décrit modestement comme "le plus grand magicien du monde, par la taille, pas par le talent". Le talent, il en a pourtant à revendre, et son prochain spectacle Magic Délirium (à l'Olympia du 4 au 31 décembre) ne manquera pas de le démontrer ! C'est avec gentillesse que l'humorillusionniste, parrain de ce salon 2014, a répondu à nos questions.
Le Salon des Grands – Dis donc Eric t'es quand même super grand, c'est quoi ta taille ?
Eric – Je fais 2m au quotidien. En scène, j'ai une érection capillaire qui m'amène à 2m07. Tout est dans le poil.
Le SDG – Tu connaissais déjà Altitudes [ndlr : l'association organisatrice du salon] ?
Eric – Eh oui parce qu'il m'est arrivé un truc assez rigolo il y a quelques années lors de mon 1er spectacle au théâtre Trévise [ndlr : en janvier 2008] : un groupe de 15 spectateurs, que des gens de ma taille ! Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est toute ma famille qui me retrouve enfin parce que - ça y est - j'ai du succès, et vient me demander de l'argent ? Ils se sont marrés, on a discuté un moment et c'est comme ça que j'ai fait la connaissance de l'association Altitudes et que j'ai vu que je n'étais pas le seul "monstre" dans ma catégorie.
Le SDG – Alors quand même, on n'est pas des monstres !
Eric – [Rire] Oui, ce qui est beau, c'est la différence. Je ne cesse de le répéter : acceptons-nous, aimons-nous comme nous sommes.
Le SDG – Malgré tout, ça reste un peu la galère, pour s'habiller notamment...
Eric – On est d'accord. On trouve des choses mais moches ou mal taillées. Et quand on est un petit peu "enrobé" comme je le suis, c'est encore plus compliqué. Je fais un peu le yoyo : avec mes 2m je suis passé de 135 à 120 kilos dernièrement et je vais descendre encore, puis certainement remonter car il est difficile de stabiliser un poids de forme avec des repas multipliés par 4, à 2 heures du matin, les soirées après les spectacles... Ca complique encore les choses ! Et pour s'habiller correctement il faut tout faire sur mesure, ça donne des budgets un peu hallucinants et je ne trouve pas toujours ça génial. En général tu vas chez un bon tailleur pour ton costume de scène et le plus souvent les poches sont trop hautes ! Les gens n'ont tellement pas l'habitude de nos dimensions qu'ils ne suivent pas les règles classiques des belles proportions d'un corps classique. Pi et le nombre d'or n'existent plus à des hauteurs comme les nôtres !
Le SDG – Effectivement l'année dernière, l'intervenante du coaching colorimétrie-morphologie du salon nous a montré que nous ne répondions pas aux proportions traditionnelles de 3 à 4 hauteurs de tête pour le haut du corps et 4 hauteurs de têtes pour le bas du corps. Les grands sont tout en jambes.
Eric – Absolument. D'ailleurs c'est rigolo parce qu'au cinéma tu as l'air grand quand ton corps fait 7 ou 8 têtes, et nous c'est souvent 8 ou 9, donc on paraît absolument immenses ! C'est une question de proportions. Moi quand je suis seul perdu dans une scène vide, très peu de gens pensent que je suis grand, donc ça veut dire que je ne suis pas si mal proportionné [rire]. Il n'y a que quand on voit quelqu'un à côté de moi qu'on se rend compte que je suis grand.
Le SDG – Est-ce que tu as des anecdotes à partager sur ta vie de "grand" ou quand tu étais... "petit" ?
Eric – Quand j'étais enfant, j'étais tellement grand que certains adultes pensaient que j'étais attardé, ils pensaient que j'avais 7 ans alors que je n'en avais que 2 et disaient : "Mais dites donc il ne parle pas encore très très bien votre enfant !". Ca a traumatisé ma mère pendant quelques années. Une anecdote me revient aussi : on habitait au 5ème étage d'un immeuble avec un ascenseur avec cabine en fer forgé qui avait tendance à se bloquer juste 15 cm avant d'arriver. Une fois, alors que j'attendais l'ascenseur qui arrivait, j'ai entendu que la porte coinçait et ai demandé à la personne qui était dans l'ascenseur de rappuyer sur le bouton arriver à niveau... alors qu'il était bien arrivé ! Mais il était tellement plus petit que moi que j'avais pensé qu'il était coincé entre 2 étages ! Ca m'arrive aussi de temps en temps de croire les gens assis alors qu'ils sont debout !
Le SDG – Trouves-tu qu'au travers de la scène tu as réussi à faire de ta taille un atout ?
Eric – Ce corps qui est le mien pour le métier que je fais, c'est une vraie chance parce que je crois qu'on développe en envergure et en présence scénique quelque chose qu'un homme de plus petite taille ne développe pas. Je dis ça mais je suis très très copain avec Michaël Gregorio, cet imitateur assez génial en chansons qui fait 1m65 et a une présence et une puissance vocale assez étonnantes, donc il n'y a pas de règle ! Ma taille c'est aussi une marque, une signature. Et ça me fait marrer. Ce corps me fait rire, quand je m'imagine un truc ou un autre, je compte souvent aussi sur un rapport physique que j'ai avec le monde, avec mes partenaires, et ça joue tout de suite en ma faveur.
Le SDG – Cette année le Salon des Grands t'a proposé d'être son parrain, as-tu accepté tout de suite ?
Eric – Oui bien sûr ça m'a fait marrer et ça me fait plaisir. Je trouve ça rigolo comme tout et puis de savoir que je vais passer quelques moments avec vous sans avoir à me baisser, ça me détend déjà d'avance.
Le SDG – La préparation de ton prochain spectacle te laisse peut-être peu le temps de te détendre !
Eric – Je mène beaucoup de choses de front. Je suis un papa de 2 enfants de 4 ans et 1 an, en plus d'être l'auteur d'un nouveau spectacle, l'interprète, le magicien, le créateur des tours, j'en suis aussi le coproducteur, donc il y a un boulot absolument énorme ! Sans compter la promotion : hier, j'ai fait Drucker + Europe 1+ RTL, entre temps j'avais défendu des rendez-vous de budgets sur les tournages de demain et après-demain. Les journées sont bien remplies !
Le SDG – Un message à faire passer auprès des grands, et des moins grands, avant de te retrouver sur le Salon ?
Eric – Vive nous !